Dans notre voyage, nous sommes marqués par les magnifiques endroits que nous visitons, les navigations que nous faisons, le bonheur de voir tant d'animaux en liberté, nos filles qui grandissent et découvrent le monde sous nos yeux. Mais nous sommes également (ou encore plus) touchés par les rencontres que nous faisons, et c'est cela l'essence même du voyage. Un voyageur m'a dit un jour: c'est ça la magie du voyage, il y a 3 jours, nous ne nous connaissions pas, et aujourd'hui, nous sommes tristes de nous dire au revoir.

Les rencontres que nous faisons sont très différentes de celles que nous faisions dans notre vie de terrien. On va dire, que dans une vie normale, on met un certain temps à identifier ses voisins, encore un temps certain à les saluer et il peut passer des mois avant de partager un verre et d'échanger réellement. Sans doute parce que notre vie de terrien ne laisse pas de place à la rencontre, à l'imprévu. Tout est programmé: les soirs de semaine, c'est la course entre les activités de chacun et la logistique ; les week-ends, eux, sont remplis souvent des semaines à l'avance.

En bateau, tout cela est bien différent, l'échange se fait rapidement et l'invitation pour partager un verre est quasi immédiate. On peut se rencontrer à 15h et prendre un apéro à 18h ensemble. Les liens se tissent donc beaucoup plus vite. Et il faut dire que nous avons souvent de nombreux points communs : nous partageons le même style de vie, le même gout de la découverte et les mêmes emmerdes de bateau!!!

Nous avons fait deux supers rencontres en mer de Cortez, d'abord Caro et Coco qui expérimentent une vie remplie de low tech dans le but de ne pas épuiser la planète (donc à l'inverse des high tech qui nous entourent aujourd'hui, qui nécessitent des métaux rares épuisables). Ils nous ont initié à l'hydroponie qui est la culture hors terre, dans des billes d'argile avec un bio-filtre.

La deuxième recontre que nous avons faite, c'est celle d'un couple de navigateurs à travers le monde sur leur bateau Hippo's camp depuis 30 ans. Ils nous ont raconté leurs escales dans les canaux de Patagonie, en Antarctique, en Asie, en Afrique du Sud, au Kenya, etc.. C'est un bel exemple de couple qui a voyagé avec ses enfants et qui après 30 ans de vie nomade a gardé le goût de l'aventure et de la découverte. Nous avons échangés ensemble sur de nombreux sujets comme la liberté, l'importance d'apprendre à suivre ses envies et à détecter ce qui nous convient.

Je crois que ces rencontres, que nous avons faites après un peu plus d'un an de voyage nous ont permis de réaliser quelque chose d'important : c'est quand nous sortons des sentiers battus que nous nous sentons bien, que nous voyons des paysages qui nous transcendent et rencontrons des gens qui nous touchent. Quand nous avons décidé de partir en voyage en bateau, nombreux nous ont regardé comme des fous. Quand nous avons décidé de ne pas rester naviguer dans les Caraïbes, les bateaux autour se sont étonnés de nous voir  "bacler" cette étape incoutournable d'un voyage en bateau. Quand nous avons décidé de remonter vers le nord du Mexique depuis Panama, les voyageurs français se sont étonnés, la route classique des bateaux français allaient vers les Galapagos puis les Marquises. Nous avons à chaque fois douté de nos choix, mais avons su garder notre cap, celui de suivre nos intuitions et nos envies, et de prendre toujours la première sortie d'autoroute...